Déconstruire et prévenir les violences basées sur le genre : la formation au cœur des outils de Saare Tabitha
décembre 14, 2025
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COMPTE RENDU DE LA CAMPAGNE DE SENSIBILISATION DU PLAIDOYER POUR L’EDUCATION A LA PAIX EN MILIEU JEUNE AU CAMEROUN, TENUE LES 11 ET 12 DECEMBRE 2025 A BAFOUSSAM

 

« Construire un avenir commun par l’éducation à la paix »

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet de plaidoyer pour l’éducation à la paix en milieu jeune au Cameroun, des campagnes de sensibilisation se sont tenues au courant de l’année 2025 dans les régions du Sud-Ouest et de l’Est. Une activité similaire s’est également organisée dans la région de l’Ouest les 11 et 12 décembre 2025. Cette campagne avait pour objectifs spécifiques de :

  • Vulgariser les résultats de la recherche action auprès des jeunes et des parties prenantes ;
  • Recueillir les points de vue des jeunes et des acteurs clés sur les actions à entreprendre relatives aux réalités locales ;
  • Actualiser les résultats de la recherche action en tenant compte des évolutions des éléments du contexte local, national et international ;
  • Amener les parties prenantes à formuler des messages à l’endroit des décideurs et à établir un plan d’action ;
  • Susciter les parties prenantes institutionnelles et traditionnelles à s’engager et implémenter les initiatives proposées par les jeunes en faveur de l’éducation à la paix ;
  • Suivre, évaluer, capitaliser et communiquer / propager les avancées du projet

L’activité s’est tenue dans la salle des fêtes du West Club de Bafoussam. Elle s’est déroulée en deux jours bien séquencés.

Déroulement en bref

La journée du 11 décembre 2025 a commencé par les modalités introductives d’enregistrement des participant-e-s venu-e-s des 08 départements de la région. On a également eu droit aux allocutions. D’abord celle du coordonnateur du projet qui a retracé le parcours de la caravane de sensibilisation de l’éducation à la paix. Il s’en est suivi l’intervention de la coordonnatrice nationale du Service Cil pour la Paix (SCP) Cameroun. Elle a donné le contexte de la mise en œuvre du projet de plaidoyer et la pertinence du travail que les organisations de la société civile font dans le cadre du renforcement de la cohésion sociale au Cameroun. La dernière intervention était celle du représentant du Délégué Régional du MINJEC-Ouest. Ce dernier a apprécié le travail qui est abattu surtout en ces temps d’escalade des tensions post-électorales. Après cette séquence bien dense, les différentes délégations se sont présentées.

Les échanges ont débuté par l’introduction à la notion d’« éducation à la paix » à travers un brainstorming sur la question de savoir si les participants en avaient déjà entendu parler. Il en ressort que 14 participant-e-s en ont entendu parlé ; notamment avec les organisations comme AJP CEDES, AGIAMUNDO, DMJ et également dans le cadre familial. Une précision a été faite sur la nuance existant entre les notions de paix tout court et d’éducation à la paix. Par la suite, il leur a été présenté certaines situations de vie susceptibles d’entraîner des conflits. Il fallait ici tester leurs capacités à réagir pour apaiser ou créer les tensions dans un contexte d’éducation à la paix. D’abord seuls, puis à deux et en plénière, les jeunes ont partagé les avis sur ces différentes situations posées. La notion d’éducation à la paix est un concept que la SCP utilise pour prévenir ou résoudre un conflit car elle est avant tout plus pratique que théorique. Plusieurs techniques émanant de cette dernière ont été portées à l’attention des participant-e-s notamment : la communication non violente (CNV), méthode créée par le psychologue Marshall Rosenberg basée sur l’expression des sentiments et les besoins humains universels. Elle se manifeste en quatre étapes (l’observation, l’expression du sentiment, l’expression de son besoin et la formulation de la demande) ; l’écoute active : elle est une compétence qui consiste à aller au-delà de la simple écoute des mots prononcés par son vis-à-vis (il s’agit de traiter activement et de chercher à comprendre le sens de l’intention qui se cache derrière les mots), lorsqu’il y’a écoute active, on anticipe ; ce qui permet de mieux comprendre les besoins ou les problèmes de l’autre. L’élaboration des règes et le respect de celles-ci. Il s’agit de la mise en place d’une ligne directrice qui établit le comportement attendu de manière consensuelle dans une maison ou dans une communauté. Les règles doivent être positives, dynamiques, inclusives, équitables, communiquées et suivies. En effet, il faut comprendre que tout se résume dans la désescalade (stratégie visant à réduire l’intensité des conflits en adoptant une attitude de maîtrise de soi, faire preuve d’empathie etc…), plutôt que de créer l’escalade.

Une autre étape importante des échanges avec les jeunes était la présentation des résultats de la recherche action sur les violences en milieu jeune au Cameroun. Un exercice sous forme de questions-réponses a permis aux jeunes de donner quelques causes de violences en milieu jeune. Les résultats des échanges a permis de contextualiser et comprendre que les propositions séance tenante correspondaient aux éléments présentés dans la recherche action. Après avoir dégagé le contexte et la justification de la recherche, sa genèse, son objectif, sa définition, sa méthodologie et les résultats obtenus (par types de causes et les lieux) issus de la collecte des données effectuées entre 2022 et 2023. Un accent était également mis sur les résultats agrégés de la Région de l’Ouest. Pour rappel, en 2023 une restitution publique a été faite en présence du MINJEC, ce qui a permis, voire facilité la mise en route de la caravane de sensibilisation actuellement menée dans les différentes régions. Après une séquence méritée de détente, les travaux de groupe ont été organisés. Ces travaux étaient assez pratiques et ont permis aux jeunes de s’exprimer volontairement sur les défis de la paix (facteurs de violence), les acteurs, la formulation des recommandations, et les engagements qu’ils prennent pour en venir à bout des violences en tant qu’ambassadeurs de paix. Ceci s’est fait à travers 8 groupes constitués (éducation formelle, éducation non formelle, secteur informel, communauté de foi, secteur professionnel formel, milieu familial, milieu de jeunes filles, déplacés internes et refugiés).

Cette journée s’est terminée sur la restitution des différents travaux de groupe. Une synthèse a permis aux jeunes de ressortir les types de violence, les auteurs, les causes, les lieux de manifestation des violences, les suggestions faites aux différents acteurs et les engagements en tant qu’ambassadeurs de la paix. Des points d’attention ont été notés pour la consolidation de la déclaration à présenter aux autorités.

Le deuxième jour, le 12 décembre 2025 a connu une ambiance chaleureuse et particulière dans une salle rayonnant de joie et de couleurs. Elle a débuté par l’arrivée et l’installation des invités (les maires, les responsables des services déconcentrés de l’Etat, les autorités administratives…), puis s’en est suivi l’accueil solennelle du représentant du gouverneur. Il a eu droit à un théâtre d’images exprimant des scènes de vie en milieu jeune, exprimant les différents vécus. Le vif de la rencontre a débuté par la présentation de l’agenda du jour en français et anglais, l’exécution de l’hymne national et une prière inter-religieuse.

La phase des allocutions s’est ouverte par le mot de bienvenue de la coordinatrice nationale SCP. Elle a partagé sa joie de participer à cette activité en même temps qu’elle a profité de l’occasion pour présenter le contexte du travail, les organisations engagées dans ce travail de paix, les stratégies mises en œuvres et l’historique de l’activité. Il s’en est suivi le mot de bienvenue du représentant d’AJP CEDES. Celui-ci a simplement marqué sa joie et formulé des remerciements sans fin aux différents acteurs de la mobilisation des jeunes. Il a également exhorté ces derniers à s’ouvrir dans un dialogue franc pour que leurs avis comptent dans les prises de décisions pour la promotion de la paix au Cameroun. La prise de parole par le coordonnateur du projet nous a véritablement lancé dans le vif du sujet ceci en faisant un récapitulatif de la rencontre de la journée précédente. Il a également présenté les résultats de la recherche action. Tout juste après, les représentants des jeunes des 08 départements de la région ont présenté leur déclaration. Un dense contenu de 6 pages formulées et qui ressortaient des recommandations pour lutter contre l’injustice et interpeller les autorités, les enseignants, les parents, les forces de maintien de l’ordre, les leaders religieux, les médias, les organisations internationales et les ONG/OSC locales pour soutenir la promotion d’une éducation à la paix efficace et durable. Toutes ces présentations ont permis de déboucher sur une séance de discussion en plénière entre les jeunes et le représentant du Gouverneur et les sectorielles présentes. Ces échanges ont permis de soulever de nombreuses questions relevant entre autre : le manque d’informations des jeunes concernant les opportunités relativement aux projets et programmes gouvernementaux en leur faveur, la faible employabilité des jeunes dans divers secteurs, les mécanismes de participation des jeunes à la gouvernance locale, la non sélection/faible intégration des jeunes par le MINESUP dans le cadre du programme d’appui pour la création de l’emploi lancé par le gouvernement depuis 2019, la non contractualisation de certains maîtres et maîtresses d’écoles primaires par le MINEDUB, la question de l’allocation des intrants agricoles par les autorités compétentes, la problématique de la limitation possible du nombre de formations dans le domaine de la santé au regard du très faible recrutement des jeunes formés. Certaines réponses ont été données à quelques-unes de ces préoccupations. On retient que l’observatoire nationale de la jeunesse existe au MINJEC pour l’enregistrement en ligne de des jeunes porteurs de projets. La banque de données constituée par cet enregistrement permet également de toucher directement ceux-ci lorsque des opportunités sont disponibles. D’autres structures comme le conseil municipal jeune, les députés jeunes et les conseillers régionaux jeunes permettent aux jeunes de participer dans les sphères de prise de décision. Plusieurs autres opportunités s’offrent aux jeunes telles que les responsables du MINJEC et de la commune de Bafoussam 3e ont relevé. Ils doivent les saisir en s’enregistrant via la plateforme www.emploijeune.cm. L’Etat a un regard panoramique sur les besoins dans divers domaines.

En définitive, le représentant du gouverneur a fortement encouragé les jeunes à se rapprocher de la bonne source d’information. Il a également exhorté les organisateurs de suivre les activités entamées pour pouvoir en vérifier l’impact. Pour le cas d’espèce, la sensibilisation va continuer l’année prochaine dans d’autres régions et un plaidoyer national sera fait au niveau des instances supérieures, il sera porté par les représentants des jeunes des 10 régions. Aussi, des descentes seront faites dans la région de l’Ouest pour voir ce qui a changé entre temps. La journée s’est achevée par une photo de famille, les interviews et une agape.

(é) MBIANDJEU TCHAPDA Mathias et

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