« UNE JEUNESSE DYNAMIQUE POUR UNE PAIX DURABLE »
septembre 11, 2017
Analyses croisées de conflits à l’est de la République Démocratique du Congo
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Cette publication contient :

Des images, chansons et poèmes sortis de trois éditions de la Semaine de la Paix Transfrontalière (2011-2013) ; Des cartes postales que les jeunes Rwandais et Congolais ont conçu lors de la Semaine Transfrontalière (Pour la paix je veux…/ pour la paix je vais) ; L’historique de la Semaine de la Paix avec l’exemple détaillé de l’ édition de 2012 ; Des textes par des amis et des partenaires dans la Semaine de la Paix, notamment :

La jeunesse africaine à l’épreuve de l’avenir : rêver, créer, organiser par Godefroid Kä Mana—07

Introduction par Francine Nabintu Murhebwa et Desiree Lwambo — 11

Pourquoi le « crossborder peaceweek » ? par Jackson Batumike —-14

Le travail transfrontalier pour la paix : ensemble un avenir paisible peut devenir réalite par Christiane Kayser——34

Soyons des artisans de paix par Alexis Hagenimana—–44

Construire la paix– traverser les frontières par Thomas Roesser——-56

Communiqué conjoint de jeunes de Gisenyi et de Goma en marge de la Journée Internationale de la Paix 2013———64

L’atelier transfrontalier des jeunes de l’Angola et de la RDC : faire tomber les frontères mentales ! par Pierre Fichter————68

Préface

Godefroid Kä Mana

Président de Pole Institute

Aujourd’hui, dans les fortes aspirations qui portent la jeunesse de la Région des Grands Lacs, l’expérience du Service Civil pour la Paix (SCP) où les jeunes de la RDC et du Rwanda se rencontrent, dis- cutent et partagent leurs idées pour un nouveau vivre-ensemble en- tre leurs pays est très riche d’enseignements concrets et d’espérances magnifiques. Elle l’est à un triple titre : d’abord comme expression de la puissance des rêves qu’il convient de libérer dans les généra- tions montantes partout en Afrique ; ensuite comme manifestation de l’énergie de l’homme créateur, capable de rompre vigoureusement avec les atavismes désastreux et les habitudes destructrices dont la guerre est l’incarnation macabre dans la Région des Grands Lacs  ; enfin comme exaltation du besoin d’organisation pour ouvrir de nouveaux horizons aux institutions et aux personnalités capables de promouvoir une paix durable entre les peuples et entre les pays.

La puissance des rêves ardents

Ce qui frappe dans le travail abattu par le SCP, c’est sa concrétisation d’un besoin profond qui vit au cœur des peuples du Rwanda et du Congo ainsi que partout en Afrique : le besoin de grands rêves pour mieux vivre ensemble dans la paix, dans la concorde, dans l’harmo-nie et dans le bonheur. Une personne, une communauté, une société valent ce que valent la puissance et la fécondité de ce type de rêves  : le dynamisme de l’imagination par lequel on brasse de splendides utopies pour le présent et pour l’avenir.

En matière de recherche de solution aux grands problèmes de l’ ex-istence humaine, tout commence par cette capacité de rêver fort, de rêver haut, de rêver grand, de voir loin et de viser tous les possibles et même l’impossible pour changer la réalité en profondeur. Pour les jeunes d’Afrique, c’est l’acquisition du pouvoir de rêver qui me semble essentielle aujourd’hui. Ce pouvoir me paraît d’autant plus essentiel que le risque majeur pour la jeunesse est de se fourvoyer dans de fausses et de mauvaises utopies : les rêves de fuir l’Afrique dans l’espoir de réussir ailleurs, les désirs de s’assurer une vie facile par des moyens moralement répréhensibles, le souci d’une grandeur factice fondée sur un enrichissement illicite et déployée dans une visibilité sociale d’ ostentation mirobolante.

Ces utopies négatives cassent tous les ressorts de grands rêves pour changer l’Afrique à l’in-térieur et de l’ intérieur, comme dirait la militante malienne Aminata Traoré, à partir de l’énergie d’une jeunesse qui veut une autre société et qui en porte en elle-même les harmoniques les plus fascinantes. La recherche d’une paix durable dans nos pays africains même, ensem-ble et dans l’ ardeur des réflexions et des actions communes casse les ressorts de ces mauvais utopies, au profit d’un travail de construction d’un grand futur.

Construire la rationalité de l’homme des grands rêves, c’est le pre-mier pas dans la direction de l’invention d’une Afrique où les jeunes seraient les bâtisseurs d’avenir. C’est ce que le Service Civil pour la Paix fait avec les jeunes du Rwanda et de la RDC.

L’énergie de l’homme créateur

Savoir rêver en permanence de changer une société est une dispo-sition essentielle qui épanouit et déploie une manière d’être qui me semble indispensable à la jeunesse aujourd’hui : le développement de la confiance dans toutes les énergies de créativité qui couvent au plus profond des personnes et des sociétés. Cette disposition épanouit et déploie également une manière de penser : le développement des forces d’optimisme face à tous les problèmes de l’existence. Elle épa-nouit et déploie aussi une manière de vivre : le développement des énergies positives qui solidifient les liens sociaux et nourrissent les ambitions des hommes afin de les faire coopérer devant les défis vi-taux pour les relever avec force. Elle épanouit et déploie enfin un mode fondamental d’agir : le développement de la puissance du con-cret pour transformer radicalement les conditions de vie et promou-voir un type de relation au monde essentiellement tourné vers les changements qui améliorent la qualité de l’existence. Si le continent africain veut affronter le problème des jeunes avec les vraies chances de le résoudre, c’est à la construction d’un tel mode de rationalité

qu’elle devrait s’atteler d’urgence. Appelons ce mode la rationalité de l’homme créateur. Construire cette rationalité est une tâche de première importance dans nos sociétés où tout est à bâtir dans tous les domaines essentiels à la vie. Et surtout dans la Région des Grands Lacs où la paix durable est la condition pour l’émergence d’une telle rationalité. Le SCP et ses partenaires l’ont compris.

La force concrète de l’organisation

Dans le monde actuel où les individus et les peuples sont confrontés aux logiques des compétitions implacables, la rationalité à dévelop-per dans les couches jeunes des populations africaines doit être la logique de l’organisation. Savoir organiser et savoir s’organiser est la clé de toute victoire dans l’espace mondial qui est une guerre à tous les niveaux : guerre économique, guerre politique, guerre culturelle, guerre spirituelle. La civilisation actuelle qui structure le monde n’est fructueuse que pour les personnes et les peuples qui refusent l’esprit d’amateurisme, d’approximation, de dissipation de forces et de dic-tature de l’à peu près. La rationalité à déployer dans un tel contexte est celle de la lutte contre le hasard, contre la prédominance des im-pondérables et contre le laisser-aller en tant que manière d’être, de penser, de vivre et d’agir.

Les jeunes d’Afrique ne pourront réussir dans un tel monde que s’ils en maîtrisent les impératifs, les normes, les valeurs et les pro-tocoles d’action. Cela exige que la culture de l’organisation devienne le fond de leurs manières de comprendre la vie et d’en modeler le sens. Mais il y a quelque chose de fondamental qu’il est impératif de savoir : l’organisation pour vivre dans le monde d’aujourd’hui exige que l’on dépasse l’esprit de compétition qui mène à la guerre pour construire l’esprit de coopération qui enrichit les peuples dans leur être ensemble. C’est ce travail qui compte pour bâtir un futur digne de l’humanité des êtres humains, au nom des valeurs pour lesquelles les générations montantes devraient élever le futur à la hauteur du bonheur partagé. Cette exigence aussi, le SCP et ses partenaires l’ont placée au cœur de leur travail avec les jeunes du Rwanda et de la RDC.

L’indomptable dynamique de l’éducation et de la culture

Si la triple orientation fondamentale pour conduire les jeunes à construire un autre monde possible est, comme nous venons de le dire, celle de la construction de la personnalité des hommes et des femmes de grands rêves, des hommes et des femmes de haute ten-sion créatrice permanente ainsi que des hommes et des femmes pé-tris par la maîtrise de l’organisation comme mode de vie, par quels moyens peut-on aboutir à un tel type de personnalité à large échelle

en Afrique et dans la Région des Grands Lacs ? La réponse est celle-ci : c’est par l’éducation et la culture en tant que dynamiques de pro-motion des valeurs fondamentales de vie que les sociétés africaines réussiront à construire la personnalité dont les jeunes ont besoin. La formation SCP est le signe qu’une telle éducation est possible. Dans cette mesure, elle est une graine d’avenir et une semence de nouvelle destinée à construire.

Le livre que vous allez lire le prouve à suffisance : c’est par l’éducation que la Région des Grands Lacs et l’Afrique dans son ensemble construiront un ordre de paix durable.

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