A Beni, les opérateurs économiques réclament la paix pour créer des emplois
septembre 11, 2017L’ONU publie un rapport sur les crimes perpétrés entre 1993 et 2003
septembre 11, 2017Prix Nobel de la paix 2010
Le vétéran de la dissidence chinoise s’est vu décerner vendredi 8 octobre le prix Nobel de la paix 2010. Pékin s’était pourtant opposé officiellement à une telle récompense.
Au printemps 1989, lorsque des milliers d’étudiants manifestent sur la place Tian An Men contre le régime communiste chinois, Liu Xiaobo enseigne la littérature chinoise à l’Université Columbia de New York. Diplômé de l’Université de Jilin dans le nord de la Chine, il a eu à l’époque la rare chance de sortir de son pays.
Mais lorsque la situation commence à se dégrader, laissant entrevoir une fin tragique, il fait le chemin inverse à d’autres dissidents qui cherchent refuge à l’étranger : il rentre à Pékin, participe aux manifestations, à la grève de la faim des étudiants et tente de négocier une évacuation de la place Tian An Men avant l’arrivée des chars. Honnête et entier, Liu Xiaobo le paiera par un an et demi de prison, sans jamais avoir été condamné.
Plutôt critique des valeurs traditionnelles chinoises qui imposent respect et obéissance au pouvoir, il publie de nombreux articles dénonçant le système de parti unique et appelle à des réformes démocratiques. Entre 1996 et 1999, il est à nouveau arrêté pour ses convictions, et pour avoir demandé la libération des personnes toujours emprisonnées pour avoir participé au « mouvement du 4 juin » 1989. Il publie avec une trentaine d’intellectuels la « Charte 2008 » Il perd son poste à l’Université normale de Pékin et devient un fondateur du Centre indépendant Pen Chine, un groupement d’écrivains. Même si la plupart de ses œuvres ne sont pas publiées en Chine, elles trouvent des éditeurs dans l’ancienne colonie anglaise de Hong Kong.
Une des caractéristiques de Liu Xiaobo, marié à Liu Xia, sans enfants, est d’avoir toujours reconnu publiquement les progrès que la Chine connaît depuis l’ouverture économique à la fin des années 1970. Mais l’amélioration du niveau de vie, la garantie d’avoir à manger et se vêtir ne sont pas à ses yeux suffisants. Selon Liu Xiaobo, le Parti communiste va devoir s’ouvrir et laisser des espaces de liberté plus larges.
Ainsi, à l’occasion du 60e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme à l’ONU, il publie avec une trentaine d’autres intellectuels la « Charte 2008 », inspirée de la « Charte 77 » des dissidents tchécoslovaques menés par Vaclav Havel au temps de l’URSS. Ce texte appelle au respect des droits de l’homme et de la liberté d’expression et à l’instauration d’élections pour un « pays libre, démocratique et constitutionnel ».
Il sera signé par 300 intellectuels chinois qui seront « invités à boire le thé », autrement dit interrogés par la sécurité publique. Ce qui lui vaudra, le jour de Noël 2009, une très lourde condamnation à onze ans de prison pour « subversion du pouvoir de l’État ».
Depuis, les multiples demandes de libération lancées par les États-Unis ou l’Europe ont toujours reçu une fin de non-recevoir de la part de Pékin. Désormais Nobel de la paix 2010, il incarne une dissidence chinoise courageuse qui ne veut pas avant tout renverser le régime, mais y ajouter une dimension fondamentale : la démocratie.
Prix Nobel de la paix : les dix derniers lauréats
Voici la liste des dix derniers lauréats du prix Nobel de la paix, dont l’édition 2010 a été attribuée au dissident chinois emprisonné Liu Xiaobo.
2010 : Liu Xiaobo (Chine)
2009 : Barack Obama (Etats-Unis)
2008 : Martti Ahtisaari (Finlande)
2007 : Al Gore (Etats-Unis) et le panel de l’ONU sur le climat (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, Giec)
2006 : Muhammad Yunus (Bangladesh) et la Grameen Bank
2005 : Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et son directeur Mohamed ElBaradei (Egypte)
2004 : Wangari Maathai (Kenya)
2003 : Shirin Ebadi (Iran)
2002 : Jimmy Carter (Etats-Unis)
2001 : Organisation des Nations Unies (ONU) et son secrétaire général Kofi Annan (Ghana)
Un congolais peut aussi être lauréat, il suffit de s’y investir, qu’il soit du côté du gouvernement ou de la société civile