La construction de la paix
EED fait partie des 8 opérateurs chargés de la mise en œuvre du Service Civil pour la Paix à travers le monde. Sur demande des organisations partenaires, EED envoie des professionnels d’appui (Fachkräfte) qui ont la mission de renforcer la promotion de la paix. Ce travail de promotion de la paix passe essentiellement par le renforcement de structures et d’initiatives locales selon le principe : La paix croît de l’intérieur. Le professionnel de paix rejoint une organisation locale et s’intègre au personnel. EED travaille avec ses partenaires dans des pays en conflit, post- conflits mais aussi dans des pays où le risque de conflits violents est de plus en plus perceptible.
Le travail de paix est partout mis en synergie avec le travail de développement. L’analyse du contexte effectuée par les concernés sur place permet d’identifier les facteurs de risque pouvant conduire à l’éclatement ou l’escalassions de conflits sociétaux. On arrive ainsi à identifier les leviers de changement susceptibles de réduire les risques de violences. Les activités des organisations qui reçoivent des professionnels d’appui visent la stabilisation et une participation citoyenne plus active des premiers concernés. Pour cela il s’agit de toucher les trois dimensions : politique, économique et culturelle
La Paix : un concept usé et abusé…
Si nous parlons de notre contribution à la paix, le danger est grand de nous perdre dans les clichés attachés au concept de paix. Depuis que le travail de paix est devenu un « marché » dans le monde du développement au même titre que le travail « humanitaire », l’approche « genre », et tant d’autres mots-clé qui reviennent à la mode dans le langage des bailleurs et des demandes de financement, il est essentiel de définir plus exactement ce qu’on entend par là dans le contexte où on travaille. C’est pourquoi les différents programmes du Service Civil pour la Paix de EED développent ensemble avec les partenaires et collègues de chaque pays et de chaque région une vision de paix enracinée dans les réalités qu’ils vivent.
La paix n’est pas un concept passif. Elle ne se définit donc pas comme l’absence de quelque chose, mais plutôt comme le contraire de la guerre et des conflits violents.
La paix n’est pas un concept apolitique. Contrairement à certaines écoles de pensée, nous ne réduisons pas la paix à une question individuelle et psychologique. La paix concerne l’individu dans le cadre de la communauté et de la vie sociale. Dans toute collectivité humaine il existe des conflits, il serait aberrant de les nier et de prêcher la gentillesse des uns envers les autres. Pour arriver à la paix, il faut développer une culture de négociation et partir de l’existence d’intérêts divergents et contradictoires.
La paix durable ne peut se construire sur la base de l’injustice. La paix sur base d’oppression et de terreur est une « paix des cimetières ». Une telle situation engendre nécessairement tôt ou tard la révolte et la violence contre l’injustice. Voilà pourquoi notre conception de la paix englobe la notion de justice et de lutte pour la création et la distribution plus équitable des richesses.
La paix ne peut pas être apportée par des forces extérieures. Les professionnels de la paix ne sont pas des sauveurs neutres qui viennent apporter la paix à des pays et communautés amorphes ou sanguinaires qui attendent le salut de l’extérieur. Ceux qui viennent contribuer au travail de paix n’apportent pas les solutions, ils les développent ensemble avec les partenaires sur place engagés dans ce travail. La paix croît de l’intérieur. Elle demande donc la conscientisation, la mobilisation et l’organisation des populations concernées. Elle doit s’enraciner dans le local tout en bénéficiant d’un travail de plaidoyer global.
La paix est un engagement individuel et collectif. Pour arriver à la stabilité et à la paix, il est nécessaire que les individus et groupes concernés s’engagent à travailler de façon constructive contre l’injustice et la misère, pour la sauvegarde de la création en créant des alliances locales et internationales.
La paix est une culture. Elle se développe sur base de croisements interculturels et se nourrit de la transformation productive des conflits d’intérêts.
La paix ne s’apprend pas dans des formations, elle se vit et se construit sur base des réalités politiques, économiques et culturelles. Elle ne peut être appliquée comme un schéma sur une situation donnée ni être enseignée dans des ateliers et modules passe-partout. Elle émerge sur base d’analyses des facteurs et acteurs de division et d’unité pour devenir une façon de gérer la vie.
Il y a beaucoup de textes et de théories qui peuvent alimenter nos réflexions autour de la paix. Il ne s’agit pas de trier entre le « vrai » et le « faux », mais plutôt de croiser les idées, de les tester et les adapter ensemble.